20 décembre 2022

Nous vivons en des temps incertains. Ce n’est ni la première fois ni la dernière fois que cela aura été dit.

La paix mondiale continue de se détériorer, comme le confirme l’, et cela est évident chaque jour dans l’actualité. La cohésion sociale est également mise à mal, dans au moins l’un des domaines couverts par le droit international des droits de l’homme.

La pandémie de COVID-19 a encore aggravé cette situation, engendrant la première augmentation de l’extrême pauvreté depuis 1998, au cours de la première année de la pandémie seulement, annulant ainsi des années de progrès. Et ces pertes s’avèrent persistantes, les estimations montrant que d’ici à la fin de 2022, jusqu’à par rapport aux prévisions antérieures à la pandémie. Ce contraste est saisissant face à la concentration croissante des richesses et des revenus au sommet, .

Ce dérèglement a lieu alors que la crise climatique atteint de nouveaux niveaux d’urgence, les données montrant , le niveau des mers augmentant plus rapidement qu’au cours de tous les siècles précédents et les catastrophes ainsi que les phénomènes météorologiques extrêmes étant plus fréquents et plus intenses. L’avenir même de notre planète est devenu incertain.

Alors que ces crises se succèdent, il n’est pas surprenant que le sentiment d’insécurité augmente et que la confiance dans les gouvernements, dans les médias ainsi que dans la science diminue. Même avant la pandémie de COVID-19, et, aujourd’hui, le niveau d’insécurité per?ue augmente rapidement. Selon l’, moins de 30 % des personnes interrogées considèrent que l’on peut faire confiance à la plupart des gens, le chiffre le plus bas jamais enregistré. Cette situation est peu favorable à la coopération nécessaire pour résoudre les problèmes communs.

L’incertitude que créent des crises multiples n’est pas nouvelle. Ce qui est important, toutefois, c’est de trouver les moyens de la traverser tout en restant unis au-delà de nos différences. Pour faire face aux défis d’un monde marqué par l’incertitude, nous devons nous comprendre, nous soutenir et travailler ensemble main dans la main. Pour cela, le rétablissement de la confiance doit être un impératif commun. Nous devons renouer les liens perdus et encourager la tolérance afin de trouver des solutions communes et susciter de l’espoir.

Comment pouvons-nous y parvenir ?

? l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), nous pensons que le dialogue interculturel est au c?ur de la solution.

Un dialogue interculturel est instauré lorsque différents groupes s’engagent dans une communication significative et ouverte qui crée des liens et brise les barrières. Outil important de la compréhension mutuelle, de la paix et de la cohésion sociale, le dialogue interculturel a été utilisé dans le monde entier pour combattre la discrimination et surmonter ce qui nous divise.

? titre d’exemple, la Bosnie-Herzégovine en a constaté les avantages suite à la décision de la communauté de Jajce d’avoir des classes à population mixte à l’école secondaire Nikola ?op, alors que, traditionnellement, les classes étaient séparées en fonction des trois principaux groupes ethniques.

Lorsqu’en 2016, l’assemblée régionale a tenté d’établir une école séparée pour les élèves bosniaques dans l’espoir de se débarrasser des écoles à population mixte, les élèves ont protesté et, en 2018, ont réussi à bloquer le projet. Dans un entretien, Ajla Vrebac, une ancienne élève, a déclaré : ? Je me suis mobilisée contre la nouvelle école par souci d’unité. Trois peuples constitutifs vivent dans notre pays et il est anormal que l’on nous enseigne seulement nos différences. Je pense qu’ensemble nous pouvons accomplir beaucoup plus. ? 

Reconnaissant le potentiel du dialogue interculturel ainsi que le besoin croissant d’outils qui soutiennent la collaboration, l’UNESCO a lancé l’. En partenariat avec l’Institut pour l’économie et la paix, l’Organisation a développé le , qui comprend des données de plus de 160 pays de toutes les régions du monde. Non seulement nous disposons désormais des connaissances pour améliorer nos capacités en matière de dialogue interculturel, mais nous avons aussi des preuves montrant l’impact qu’il peut avoir sur les questions liées à la paix et à l’inclusion.

Les résultats de l’UNESCO montrent que le dialogue interculturel peut jouer, et joue, un r?le déterminant. Dans les pays où il est florissant, les mesures liées à la protection des droits de l’homme, à la prévention des conflits et à la résilience obtiennent un score de 66 % plus élevé que dans les pays où il est au point mort; d’autre part, 89 % de tous les conflits actuels ont lieu dans des contextes où la capacité à soutenir le dialogue interculturel est faible.

Les politiques et les actions qui favorisent le dialogue interculturel peuvent avoir un impact considérable. Le nouveau Cadre créé par l’UNESCO offre pour la première fois aux communautés un guide sur la manière de maximiser l’impact. Nous devons tirer parti de ces nouvelles données importantes pour contribuer à favoriser la tolérance et l’inclusion dans le monde entier.

L’UNESCO offre également un très grand nombre de méthodologies et d’espaces permettant aux communautés de se réunir, de partager et d’apprendre dans le cadre des , de ou de cours magistraux pour lutter contre le racisme et la discrimination. Lors de la deuxième édition du Forum mondial de l’UNESCO contre le racisme et la discrimination, qui a eu lieu récemment à Mexico, nous avons réuni des champions de l’action, notamment le lauréat du prix Nobel de la paix Kailash Satyarthi, le Président de la Fondation Ford Darren Walker, l’Ambassadrice de bonne volonté auprès de l’UNESCO Xueli Abbing et l’acteur Tenoch Huerta, afin de réaffirmer les engagements politiques au plus haut niveau.

Nous ne pouvons pas laisser l’incertitude d’aujourd’hui nous diviser. Nous devons dialoguer pour rester flexibles, ouverts et tolérants.


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